
Issa Al Hasan arrive au tribunal de Düsseldorf le 10 septembre 2025, jour de sa condamnation à la perpétuité pour l’attaque au couteau qui a fait trois morts à Solingen en août 2024 ( AFP / INA FASSBENDER )
L'auteur syrien de l'attaque jihadiste au couteau dans la ville allemande de Solingen, qui avait fait trois morts lors de festivités en août 2024, a été condamné à la prison à perpétuité mercredi par le tribunal de Düsseldorf.
Cet attentat, et d'autres commis par des ressortissants étrangers, avaient pesé sur les élections législatives de l'hiver suivant, qui avaient vu un essor record du parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD).
Le tribunal a retenu la motivation islamiste de l'attaque, revendiquée par l'organisation jihadiste Etat islamique (EI), qui avait également fait huit blessés graves.
Selon Winfried van der Grinten, le président du tribunal, Issa Al Hasan, âgé de 27 ans, "approuvait les objectifs de l'État islamique" et a agi "en raison de ses convictions islamistes radicales".
Selon le jugement, l'accusé avait lui-même pris contact avec l'organisation, proposé la fête de la ville comme lieu de l'attaque, et prêté allégeance à l'EI.
- Danger persistant -
Décrit par le tribunal comme "membre de l'EI", le condamné est originaire de la région de Deir Ezzor, dans l'est de la Syrie, bastion de cette organisation jihadiste pendant la guerre civile ayant démarré en 2011.
Pendant ces années, l'accusé s'est montré "au moins loyal" envers l'EI puis s'est "profondément radicalisé comme islamiste" à partir de 2019, bien avant son arrivée en Allemagne, a dit M. Grinten.
Et même s'il a reconnu les faits et exprimé des regrets à l'ouverture de son procès fin mai, les juges se disent dans le jugement convaincus "que l'idéologie islamiste radicale ayant conduit l'accusé à commettre ces actes persiste toujours chez ce dernier".

Issa Al H arrive au tribunal de Düsseldorf le 10 septembre 2025, jour de sa condamnation à la perpétuité pour l’attaque au couteau qui a fait trois morts à Solingen en août 2024 ( AFP / INA FASSBENDER )
En raison de la "propension de l'accusé à commettre des actes violents similaires et du danger qui en résulte pour le public", ils ont donc retenu, en plus de la peine maximale, la reconnaissance de la "gravité particulière de sa culpabilité", ce qui rend peu probable une éventuelle libération.
C'est la peine qu'avait requise le parquet fédéral.
- Failles du règlement -
Au premier soir du festival d'été de Solingen, l'agresseur avait frappé au hasard devant la scène où se déroulait un concert. Il a ensuite pris la fuite, avant de se rendre le lendemain aux autorités.
L'attaque a mis en lumière les failles du règlement européen de Dublin, selon lequel le premier pays de l'Union dans lequel est entré un étranger est responsable de sa demande d'asile.
Issa Al Hasan se trouvait en situation illégale en Allemagne et aurait dû être expulsé vers la Bulgarie où son arrivée avait été enregistrée en 2022.
Mis sous pression, le gouvernement de centre gauche d'Olaf Scholz avait, après l'attentat, durci la législation sur le port de couteaux et rétabli des contrôles à l'ensemble de ses frontières.
L'immigration et la sécurité ont été des thèmes majeurs de la campagne législative qui a suivi.
Selon un sondage pour le compte de la chaîne publique WDR, près d'un habitant de Solingen sur quatre dit avoir durci ses positions sur l'immigration de réfugiés après l'attaque.
- Vent favorable pour l'AfD -
Depuis un an, d'autres attaques au couteau ou à la voiture-bélier ont choqué l'Allemagne et favorisé les discours anti-immigration.
Pour l'attaque au couteau visant un rassemblement anti-Islam à Mannheim (ouest), qui a fait un mort en mai 2024, et celle visant un groupe d'écoliers, qui avait fait deux morts en janvier 2025 à Aschaffenbourg (sud), les suspects sont des ressortissants afghans.
Si les conservateurs (CDU) du chancelier Friedrich Merz ont remporté les législatives de février, le scrutin a été marqué par le score record du parti d'extrême droite AfD, arrivé deuxième avec un cinquième des voix.
Pour enrayer cette ascension, Friedrich Merz a opéré un nouveau tour de vis sur la politique migratoire, instaurant notamment le refoulement des demandeurs d'asile aux frontières.
En juillet, sa coalition a organisé le rapatriement de 81 condamnés afghans dans leur pays, malgré la présence au pouvoir des talibans. L'initiative a aussitôt été dénoncée par l'ONU.
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